Pédagogie en situation de crise

De Wiki Faire Ecole

A propos

La Fée facilite l’émergence d'un programme dédié à la pédagogie en situation de crise. Qu’est-ce qu'apprendre en période de crise ?

=> Canal de conversation dédié aux personnes en intérêt de ce programme (en train d’émerger) : /channel/pedagogie-situation-de-crise

=> Journal de bord

Contributeurs.trices

  • Laurie -
  • Marianne -
  • Emeline - INEE
  • Hervé - enseignants en GS
  • Sarah - enseignante en CP en REP+ et formatrice Education Prioritaire
  • Emmanuel - parent d'élèves - membre fondateur du réseau de parents parenTAISE
  • Hélène

Propositions

  • Tester dans quelques territoires (Bagnolet, Saint-Denis, Oise) des dispositifs adaptés à la situation que nous traversons que ce soit dans le cadre de soutien périscolaire ou scolaire
  • Élaborer des scénarios pédagogiques à destination des acteurs du périscolaire et des réseaux de mentors qui se mettent en place en période scolaire et pendant les vacances.
  • Thématiques identifiées : (1) l'identification des risques psychosociaux chez les élèves (2) la participation des élèves à des actions d'intérêt général sur leur territoire, oralité et littéracie - quels enjeux pour l'enseignement à distance ? (3) Quelles alternatives lorsque le numérique pour chacun n'est pas envisageable ? (4).
  • Formation des enseignant.e.s et des acteurs de l'accompagnement périscolaire à l'identification des risques psycho-sociaux.
  • Formation des enseignant.e.s et des acteurs de l'accompagnement périscolaire et extrascolaire à la compréhension des enjeux d'apprentissages, de communication et de co-éducation vis à vis des publics éloignés de la culture scolaire.
  • Collecter des bonnes pratiques exploitables par les enseignants et les accompagnateurs des enfants, des jeunes et de leurs familles.
  • Collecter des récits sur la rencontre de l'autre lors du confinement.
  • Identifier les besoins qui se sont fait jour pendant le confinement et lors du déconfinement afin de contribuer à construire demain une école résiliente, capable de s'adapter à une situation de crise : repérer des outils existants, les diffuser, les adapter si nécessaire, créer les outils qui font défaut.

Avancement

  • Préparation de deux webinaires avec l’INEE, l'association POWA et l'association en constitution Apprentis'age (liste non exhaustive).
    • Le premier portera sur la Ecole et Covid-19: transition et accompagnement des apprenant.e.s - réalisé
    • Le second est en cours de définition
  • Webinaire 27/05/2020, 17h00 : "Ecole et Covid-19: transition et accompagnement des apprenant.e.s"
  • Rencontre du groupe du 03/06/2020, 9h30, avec l'association Powa - quels besoins d'accompagnements des bénévoles et orientations pour les prochains wébinaires . Les deux sujets abordés : "l'école et la communauté" - article à venir sur le blog de Fée; La prise en charge des élèves allophones : enjeux, pistes d'accompagnements en fonction des profils et des parcours de chacun" - cf. Pratiques
  • Rencontre du groupe le 10/06/2020
    • Suite wébinaire INEE : pistes d'interlocuteurs sur les risques psycho-sociaux susceptibles de proposer une approche transculturelle alternative, c'est à dire décentrée du monde occidental.
    • Préparation d'un wébinaire largement ouvert pour le

Bonnes pratiques identifiées

Accompagner un élève allophone et sa famille

Constat de départ : difficulté d'un enfant de CP à s'exprimer en français (enfant égyptien qui parle arabe). La maîtresse est en train de perdre l'enfant qui n'est "prioritaire" pour venir à l'école tous les jours. comment

Il y a une vraie complexité à acquérir la lecture et l'écriture dans une langue qui n'est pas la sienne. L'école est faite pour apprendre à penser, donc c'est important de parler à l'enfant (à la maison) dans la langue dans laquelle il pense pour qu'il continue à faire progresser sa réflexion, son imaginaire et que ses parents lui parlent une langue dans laquelle eux-mêmes pensent et imaginent. C'est un sujet délicat. On culpabilise les parents de parler français à leur enfant alors que c'est pour eux un mode d'intégration.

Il faut néanmoins prendre le temps de se renseigner auprès de l'enseignant , de la famille sur le profil exact de l'enfant. on distingue les élèves ENAF (Elèves Nouvellement Arrivés en France) ou ENAA (Elèves Allophones Nouvellement Arrivés) des élèves NSA (elèves Non Scolarisés Antérieurement) qui peuvent ou non être allophones. Les enjeux scolaires et pédagogiques ne sont pas les mêmes selon ces profils.

Les enfants de familles réfugiées n'ont pas toujours une adresse stable et sont souvent loin de l'école, donc sans possibilté de transport pendant le confinement, ça a été difficile, en plus de la barrière de la langue. Au delà de la langue, il y a un souci lié au contexte familial. Ce n'est pas la langue le principal problème mais comment les parents et donc leur enfant investit l'école. Des enfants en 1 an de maternelle peuvent raccrocher leur niveau et c'est eux qui deviennent les intermédiaires pour les familles. Cela dépend surtout du niveau d'étude des parents. Certains enfants né en France et dont les parents sont plus ou moins francophones peuvent êtres plus en difficultés que des allophones. L'important est de savoir ce que sait faire l'enfant, pas ce qu'il devrait savoir faire, quelque soit le lieu d'origine de la famille et quelque soit son niveau d'étude.

Ce qui fait la différence : les enfants qui ont l'habitude de l'école ; d'être scolarisés. Lorsque ni les parents, ni les enfants n'ont l'habitude de l'école, c'est bien plus complexe. C'est là qu'il y a vraiment des différences entre élèves allophones. On apprend à lire qu'une seule fois. Si on sait le faire dans une langue, le cerveau fera le transfert pour l'autre langue et/ou le nouveau système d'écriture (mise en place de connexions neuronales entre la sphère visuo-spatiale et la sphère sémantique), ce n'est pas du tout le même enjeu que lorsque l'on n'a jamais véritablement fréquentée la cuture écrite.

Il y a néanmoins des approches, des postures et des gestes pédagogiques qui vont permettre à la fois de s'adresser à ces élèves en même temps qu'à tout élève dont la famille n'est pas familière de la culture scolaire et de la culture écrite. Une question importante à se poser et à clarifier pour l'enfant : quel est l'objectif d'apprentissage d'un exercice, comment va-t-on faire et s'y prendre ? Que sait déjà l'enfant (notions, procédures...) qu'il va devoir mobiliser pour réaliser l'activité demandée? Nécessité que l'enseignant soit bien formé. C'est ce qu'on appelle enseigner explicitement. C'est difficile pour les débutants.

Quelques repères sur la prise en charge des élèves allophones dans le système scolaire :

UPE2A : Unités Pédagogiques pour élèves Allophones Arrivants. Différentes organisations possibles: dispositif itinérant (l'enseignant.e se rend dans les écoles et prend en charge les élèves arrivants), dans une classe fixe (en particulier pour les élèves NSA i.e. Non Scolarisés Antérieurement), sur plusieurs écoles, regroupements à temps partiel en classe UPE2A et intégration dans des classes ordinaires le reste du temps...

Au niveau Académique ils relèvent du CASNAV, avec des gestions très différentes entre les structures et les Académies, voire les départements Le V de CASNAV fait apparaître que les enfants des familles du voyage relèvent de la même structure.

S'adapter aux besoins et aux usages numériques des familles - témoignages

Hervé : Enseignant en grande section de maternelle.

Une liste de diffusion des parents a été rapidement établie au début du déconfinement, complétée par des appels téléphoniques. La difficulté n'est pas tellement de transmettre du travail, c'est d'en avoir un retour.

Face au problème initiale des outils disponibles : peu ou pas de matériel informatique, pas de possibilité d'impression, pas de connexion, pas d'ENT... Quel est l'outil dont les familles disposent à 99,99% : un téléphone portable. A partir de cet outil il est possible de : saisir du texte, prendre des photos, réaliser des enregistrements audios, traduire, faire un appel en visio... C'est la contrainte pour les défis proposés : que les parents puissent répondre avec leur téléphone portable.

Cela implique des envois qui peuvent être reproduits avec papier crayon, ne sont pas nécessairement à imprimer et que les réponses peuvent être des photographies.

Un autre problème lié au distanciel est la disparition du lien social entre enfants. Un espace d'affichage commun des productions permet de motiver les élèves et de recréer un lien : on fait pour donner à voir, à lire, pour échanger. Il s'agira de créer un site web avec un outil accessible par des néophytes : Jimdo, padlet. La participation à un projet commun peut redonner du sens aux pratiques : création d'un journal numérique mis en page avec LibreOffice et exporté en PDF.

Sarah : enseignante au CP

Pour les consignes des activités on peut ajouter des liens vers de courtes vidéos (l'attention est plus sollicitée sur le petit écran d'un smartphone) qui permettent d'illustrer le "comment s'y prendre". Le mouvement est essentiel à la compréhension. Techniquement, pour les familles, il est plus simple de déposer les vidéos sur You Tube car l'application est pré-installée sur tout smartphone. On les dépose en "lien non répertorié" pour un public "enfants" pour limiter les risques.

C'est bien plus direct que de devoir tout seul trouver un lien sur la page composite d'un ENT, qui demande d'excellentes compétences de lecteur. Ce type de document, les chercheurs le nomment "document composite" parce qu'on trouve plusieurs formes dans une même page : une vidéo ici, un lien là, le chat sur le côté, des onglets thématiques en haut, un pavé avec un sommaire... Mettre en relation des informations qui sont proposées sous des formes différentes, chacune avec une utilité et un mode de lecture différent, c'est très complexe.

Les familles peu familières de l'écrit ont besoin d'un déroulement très linéaire, de pouvoir prendre chaque consigne l'une après l'autre : une liste, en somme. Et encore, pour les plus en difficulté mieux vaut envoyer une seule consigne et attendre la réponse, faire le feed-back assez vite et consigne par consigne avant d'en envoyer une autre.

A distance : les familles et les apprentissages scolaires de leurs enfant, penser leur rôle, laisser la place, accompagner?

Hervé - le parent, un nouveau venu dans la relation élève-enseignant-savoirs

La situation de confinement entraine un changement de la relation dans le triangle pédagogique en introduisant un nouveau pôle : le parent. On obtient, au mieux, si les éléments sont équilibrés une pyramide. Cela nécessite aux parents de trouver une place, sans formation, dans une relation à son enfant qui est nouvelle. Situation complexe voir impossible à gérer. L'enseignant se trouve confronté aux représentations du parent sur l'école, ce qu'elle a été pour lui, ce qu'elle est (ou semble être) et ce qu'elle devrait être.

Dans la situation "habituelle" les rencontres parents/enseignant(e) peuvent désamorcer les incompréhensions et conduire à une réelle coéducation de l'enfant à condition de faire avec les représentations des parents et non contre. Mais en distanciel l'emprise des représentations et des interprétations est totale. Certains parents souhaitant des activités très scolaires, d'autres créatives et ludiques, qui un plan de travail, qui de la souplesse, qui demandant plus de travail, qui étant débordé...

Quelles réponses apporter ? Différenciation des propositions : de la mise à disposition des dossiers du CNED très "scolaires" aux défis ludiques qui peuvent s'intégrer dans des emplois du temps très variables d'une famille à l'autre. Beaucoup de dialogue par message écrit, traduit lorsque nécessaire et oral par téléphone, pour rassurer, conseiller, accompagner...

Des messages destinés aux enfants, lus par les parents pour rétablir la branche essentielle enseignant - élèves dans le triangle, à savoir la pédagogie. Ainsi les parents ont moins à endosser la relation à l'erreur qui peut être source de conflits, de blocages. Des mini formations pour les parents : qu'est-ce qu'une situation d'apprentissage ? comment créer des affichages de référence, comment apprendre à écrire en GS, qu'est-ce que l'écriture tatônnée, la dictée à l'adulte ?

Des ressources et des liens Internet, des listes d'activités déconnectées, des ressources locales... pour développer l'autonomie des parents dans les choix des enseignements.

Un autre problème lié au distanciel est la disparition du lien social entre enfants. Un espace d'affichage commun des productions permet de motiver les productions et de recréer ce lien. Il s'agira de créer un site web avec un outil accessible par des néophytes : Jimdo, padlet. La participation à un projet commun peut redonner du sens aux pratiques : création d'un journal numérique mis en page avec LibreOffice et exporté en PDF.

Sarah - Distinguer la cible de chaque production envoyée : le parent ou l'enfant ?

C'est intéressant de distinguer :

  • Des supports destinés à l'enfant où on donne à l'oral (parce que chez les élèves jeunes il y a un gros décalage entre ce qu'ils peuvent comprendre à l'oral et ce qu'ils peuvent comprendre à l'écrit) les consignes à l'enfant comme s'il était en classe avec nous, c'est à dire en faisant un rappel de "où on en était", en clarifiant l'objectif et les procédures utilisables.
  • Des supports destinés aux parents où on explique plutôt comment aider son enfant, les difficultés qu'il peut rencontrer et comment y remédier. Là on associe très fortement les parents en leur montrant qu'on leur fait confiance, qu'ils sont capables d'accompagner leur enfant. Il faut bien choisir sur quelles compétences on fait porter ces outils là. Par exemple le geste d'écriture : tenir son crayon, préparer sa main, se muscler les doigts... pour les parents. En revanche la "leçon d'écriture" en vidéo s'adresse à l'enfant et son parent pourra l'accompagner parce qu'il saura désormais "à quoi faire attention".

On ne peut pas légitimement s'adresser à un adulte comme à un enfant, l'infantiliser. Il est de notre responsabilité de laisser aux familles leur juste place dans l'éducation  : ni enseignants, ni élèves.

Créer des supports parent-enfant-enseignant au sujet des savoirs : Sarah - Le journal des apprentissages

On peut demander au parent de participer à faire dire à l'enfant "ce qu'il a compris", "ce qu'il a appris", "ce qui était difficile"... dans une activité. C'est ce qu'on appelle le journal des apprentissages.

Dans la situation actuelle et les mois à venir je pense qu'il y a urgence à consacrer BEAUCOUP de temps à cela, bien plus à mon avis qu'à de l'entraînement ou des apprentissages nouveaux. C'est à dire à faire conscientiser les apprentissages aux enfants parce qu'en étant à la maison ils perdent encore plus le sens des activités, à quoi elles servent, pourquoi la maîtresse les a données.

Ça permet d'entrer dans une forme d'auto-évaluation formative parce que l'enfant prend conscience de ce qu'il a appris, de ce qu'il lui reste à apprendre. Il mémorise ce qui est compris en y revenant. Et l'enseignant peut mesurer aussi ses progrès.

C'est aussi une source de dialogue avec les parents : ils ont une "prise" pour questionner. "Il arrive pas à me dire pour l'activité d'hier que c'était sur le féminin et le masculin. J'ai l'impression qu'il a pas compris, maîtresse". Et là vraiment, le parent est pleinement associé aux progrès, aux difficultés de son enfant mais aussi au contenu de la classe et des apprentissage, mais sur un mode parental : comment mon enfant se débrouille avec ça ?

Créer un réseau de parents

Initiative entre parents, sur le territoire d'Aix-les-Bains pour créer des réseaux, du lien entre familles, s'échanger des approches . Partie d'un petit groupe de 25 parents pour commencer, contacts avec l'Inspection Académique.

Objectifs : s'appuyer sur la communauté, se soutenir entre parents (besoin de souffler), faire du lien avec les enseignants. Beaucoup de disparités entre enseignants : volume de travail, nature du suivi, équipement et maîtrise du numérique de l'enseignant... Travail avec le territoire et l'institution pour être intégrés.

Outils développés : Création d'un Netboard avec des ressources récupérées auprès de l'Académie sur la prévention des risques psycho-sociaux. Contacts avec Canopé qui a réadapté des ressources pour qu'elles soient lisibles pour des parents. Initiation de rencontres entre école et familles.Travail à un autre échelon (territorial) avec des parents de différentes écoles.

Récits

L'école et la communauté

Besoins et outils pour une école résiliente

Besoins identifiés

Outils

Catégorisation des outils

- existe et transférable

- existe mais à adapter

- n’existe pas et à créer

S'engager

  • Soutenir un jeune pendant la crise COVID 19 : le mentorat

Ressources

Ressources scénarios pédagogiques

Ressources organisations pédagogiques alternatives à l'accès individuel au numérique

  • Puiser aux sources de l'histoire de l'école : du côté de l'école mutuelle,
  • Les pédagogies coopératives
  • Les échanges de savoir

Ressources comprendre les enjeux pour les élèves les plus éloignés de la culture scolaire

Ressources risques psycho-sociaux

Ressources communication avec les familles

Ressources l’école et la communauté

Ressources élèves allophones

  • Communication transculturelle

Ressources bonnes pratiques